Il y a un truc que je trouve très difficile en ce moment. Voir “l’autre” parler de et prôner la “liberté” et voir à quel point il m’a contrainte.
Je ne sais pas si c’est logique, si c’est pervers de sa part, si je le prends mal parce que je suis “coincée”, en tous cas, je le prends mal. Ce qui ajoute au fait que je le prends mal, c’est ces petits messages qu’il m’adresse à propos de “notre fils” ou “notre petit bonhomme”. Je n’en peux plus de ses allusions au fait que ce merveilleux petit garçon dont il ne s’occupe absolument pas depuis la fin de la grossesse, soit aussi “à lui”. Je veux dire, ok il a donné ses gènes mais après ?
“Il est si mignon”
Toute la construction mentale de ce bébé me revient, parfois dans la douleur, dans le bonheur aussi mais surtout dans une grande fatigue mentale. Je lui donne tout à ce bébé. Je lui donnerai même ma vie tout le temps dont il a besoin pour se sentir en sécurité. Tandis que lui ? Que fait-il pour “notre fils” ? Rien. Ah si, il donne un peu d’argent. Quand on me dit “il est trop mignon ce bébé” quelle part a-t-il pris, lui, là-dedans ? Rien. S’il est si mignon, s’il se débrouille aussi bien pour manger, s’il se développe bien ce n’est pas grâce à lui. Il parait que je dois être fière de moi. Dans les faits, c’est moi qui suis responsable de sa construction. (En plus avec le confinement, c’est encore plus valable.)
Alors une fois qu’on a dit ça, qu’est-ce qu’on a dit ? Oui, une part de moi est fière de tout ça. Je mesure aussi combien ça me coûte, combien cela coûte dans ma vie de femme, dans ma vie d’entrepreneur, dans ma vie d’amie, dans ma vie sociale. Le prix est très élevé. Alors bien sûr c’est un bonheur de participer à sa construction, de le voir changer, évoluer, grandir, découvrir. Ça n’a pas de prix. Enfin si. Celui de ma mise en retrait. Celui de mes projets abandonnés. Celui de mon futur si incertain.
Celui de ma liberté.
Repartir
3 ans à partir de maintenant. C’est cette durée que j’évalue avant de retrouver un peu d’elle. C’est long. Ça parait si loin. J’ai l’impression que j’ai passé l’oeil du cyclone sur un an, j’en suis peut-être arrivée à sa périphérie. A l’oeil, pas au cyclone. Et qu’il m’en faudra 3 de plus pour retrouver des zones calmes et peut-être un semblant de vie apaisée. C’est la durée que je me donne aussi pour changer de vie. Pour reconstruire des bases d’un nouveau projet de vie. C’est dur de changer complètement quand on s’est projetée, quand on s’est construite avec une image familiale forte. Quand on s’est engagée pour de vrai. A priori, je n’ai pas le choix. Alors j’essaie comme je peux d’aller de l’avant. Mais par où commencer quand tout est a reconstruire et qu’on n’est pas responsable que de soi ?