Maternité

Le 1er anniversaire du reste de notre vie — Lettre à mon bébé #3

On y est. Tes 1 an. Mes 1 an de maman. 
Quelle année. Dure. Difficile. Remplie d’amour. De découvertes.

Nos corps se connaissaient, nos coeurs aussi et enfin, enfin, tout le reste aussi. Voir tes yeux, ton visage, tes sourires, tes tous petits pieds et tes petites mains. Ça n’a pas de prix. On s’est découvert, apprivoisé, on a rit très fort, pleuré très fort, pas beaucoup dormi, bien mangé (moi pas toujours). Découvert l’eau, la montagne, le métro, la vie avec maman. Avec maman toute seule. Avec maman dévastée mais forte parce qu’il n’y a pas d’autre choix.

1 an. C’est fou. Tu as tant changé et tu restes si petit. Mon tout petit. Et moi, j’ai changé aussi. Comment n’aurais pas pu. Je suis devenue ta maman. J’ai appris, j’apprends. Ce n’est pas facile et c’est facile en même temps. Je ne savais pas trop quelle maman j’allais être. Je me suis découverte maternante, protectrice, louve. Les circonstances ont aussi sans doute joué. Ce n’est pas pour autant que je ne te laisse pas découvrir par toi même. Te voir manger seul et de tout, jouer, rire, sortir de ton lit pour venir me réveiller le matin. C’est une grande fierté aussi. Parfois je me dis : j’ai “fait ça” toute seule moi ? Et oui. Il faut que je me le répète plus souvent. Tu es un petit garçon merveilleux.

1 an. Si tu savais comme elle a été dure avec moi cette année. De l’abandon au confinement. Il y a mieux pour débuter dans la vie de maman. Mais aujourd’hui je veux voir le positif. Et cette année, elle a aussi été merveilleuse. J’ai passé tellement de temps avec toi. A te voir grandir pour de vrai. Pas vite fait. Au jour le jour. C’est beau. Tu es beau. Comme sans doute tous les autres petits bébés. En tous cas, ça m’émerveille. Te voir apprendre, découvrir tout ce que tu es déjà capable de faire et sans doute plus encore, tout ce que tu ne me montres pas.

photo : Amandine Gimenez Photographie

1 an. Elle a été difficile cette journée d’anniversaire. Confinement. Toute cette pression sociale. Toi qui n’a pas dormi. Tous ces coups de fil comme si de rien n’était. Comme si personne ne voulait se rappeler que cette date c’est aussi celle où ton papa avait mis une sorte d’ultimatum ou d’épée de Damoclès. “Je déciderai à la naissance”. Qui est capable de dire cela à une femme enceinte de 8,5 mois ? Alors j’ai pleuré fort. J’ai crié que je n’en pouvais plus. Que c’était trop dur. Je t’ai demandé pardon en pleurant. Pardon de ne pas avoir su voir qui était ton père. Pardon de m’être faite avoir. Parce que toi, tu n’as rien demandé. Et surtout. Tu ne mérites tellement pas ça. Alors je n’ai pas fait de photo du gâteau. De toute façon, tu as pleuré en le voyant. Ça m’a rendu triste. Parce que je m’étais donné du mal. Mais ça tu ne le sais pas. Et moi je sais que j’étais triste pour moi. Parce que j’avais mis de l’importance là où il n’y en avait pas. Pour toi, c’était un jour comme un autre.

1 an. Nous voilà partis pour une autre année. Une année différente j’espère. Une année où je vais essayer de nous (re)construire une jolie vie. Pour ne plus la subir. Ou plutôt ne plus subir celle qui nous a été imposée. Je sais que tu vas m’aider, comme tu le fais déjà. On est une jolie équipe tous les 2. C’est ça aussi qu’il faut fêter.

Portrait Anouk Ferri

Le 24 avril 2019, quand tu es arrivé, on était déjà une belle équipe. Je nous souhaite une longue vie. ❤