Tiphaine a créé Les bottes d’Anémone en 2020, un atelier de créations florales et bouquets écoresponsable dans le Golfe du Morbihan. Passionnée par la mer depuis petite, elle a d’abord passé 10 ans à travailler pour des équipes de voile engagées dans des compétitions internationales. Après plusieurs tours du monde, et un rythme de folie pendant tout ce temps, elle a eu besoin de changer de rythme et de remettre son activité en harmonie avec ses valeurs au quotidien.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir fleuriste ?
J’ai toujours adoré les fleurs, sans pour autant les envisager comme un futur métier. Ça remonte à mes étés passés dans le beau jardin de ma grand-mère qui faisait pousser des roses au parfum divin ! Lorsque j’ai pesé le pour et le contre de toutes les possibilités de reconversion, le travail avec les fleurs est apparu comme une évidence qui m’a donné le sourire permanent et l’énergie de créer mon entreprise.
Pourquoi travailler avec des fleurs de saison?
Au début de mes recherches j’ai découvert un univers pas du tout en phase avec l’image qu’il dégage : les fleurs c’est la nature, les amoureux des couleurs, des parfums enivrants…et pourtant c’est aussi et surtout une industrie hyper polluante, à la fois dangereuse pour la biodiversité et la santé, avec une empreinte carbone énorme (en moyenne une fleur coupée vendue en France parcourt 10 000km en avion réfrigéré avant de parvenir chez le consommateur final !), une surconsommation de plastique.
Bref quand j’ai découvert cela j’ai été découragée : je ne voyais pas du tout l’intérêt de changer de métier si c’était pour contribuer à empirer mon terrain de jeu principal : les océans et même la nature en général. Et puis un jour dans une salle d’attente j’ai découvert un article dans un magazine sur le Collectif de la Fleur Française. J’ai découvert que certains producteurs et fleuristes étaient engagés dans cette démarche, et j’ai donc entrepris d’en rencontrer un maximum dans ma région pour me faire une idée de la faisabilité.
Et je suis fière de dire que cela fait maintenant un an et il est tout à fait possible de fonctionner avec des fleurs francaises et de saison toute l’année. Mon conseil ? Ne pas croire ce que les mauvaises langues vous diront si vous avez un projet similaire. Quand on veut on peut !
Est-ce que c’est (plus) difficile ?
Le plus compliqué actuellement c’est la logistique de l’approvisionnement. Les consommateurs sont plus que partants pour consommer des fleurs françaises, les producteurs arrivent à se développer, mais par rapport aux camions hollandais qui écrasent le marché et qui font des économies d’échelle énormes, à ma relativement petite échelle, je dois encore utiliser des transporteurs privés pour m’approvisionner et le cout est élevé. Mais je pense que plus nous serons nombreux à suivre cette démarche, plus les modes d’approvisionnement se mettront en place et plus les couts liés seront dilués.
Qu’est-ce qui vous procure de la joie dans votre métier ?
Les émotions et le bonheur que procurent les fleurs en général. C’est assez incroyable tous les messages qui passent à travers un simple bouquet : des encouragements, des félicitations, de l’amour, des remerciements, des petites attentions sans raison…je me sens complice de tous ces doux messages et c’est un vrai moteur pour moi au quotidien.
Qu’est-ce que vous préférez dans cet engagement ?
Savoir que chaque bouquet que je réussis à vendre encourage une famille de producteurs français, et contribue à un monde meilleur. C’est peut-être naïf de le dire comme ça mais quand on sait que 9 fleurs sur 10 en France sont importées, j’ai vraiment l’impression de contribuer à mon échelle à un monde meilleur.
Comment voyez-vous l’impact que vous pouvez avoir sur l’environnement ?
Enorme ! Mais je me sens surtout investie d’un rôle d’information auprès des futurs fleuristes qui me suivent : si je réussis je prouve que mon modèle fonctionne et donc qu’il est possible de travailler avec la fleur française uniquement et d’en vivre. In fine, j’espère que cela les encourage à créer leurs futures entreprises avec ces engagements, et que rapidement, nous pourrions changer le cours de cette industrie.
Travailler du beau et de l’éphémère, c’est génial : les couleurs changent, les formes bougent, les tiges grandissent ou s’enroulent…c’est un spectacle vivant chaque jour.
Tiphaine, Les bottes d’Anémones
Une fleur en particulier ?
Je suis absolument amoureuse des renoncules, mais je vais dire l’Anémone, car c’est pour moi la preuve que de belles fleurs poussent en hiver en France, et qu’il faut les mettre à l’honneur, notamment pour la St Valentin à la place des roses qui ne sont pas de saison et abiment la planète chaque année.
Pour la suivre :
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Son site => Les bottes d’Anémone