Tic tac. La peur, l’angoisse, la culpabilité, l’amour. Cette course folle, tous les jours. Contre la montre. Pour être à l’heure partout. Ou pas trop en retard. Ces repas qu’on saute, ces fruits qu’on ne mange pas pour économiser un peu, ce repos qui n’existe pas. Ces choix qu’on doit faire. Tout le temps. Tic tac. La tête remplie de « comment je vais y arriver? » « qu’est-ce que je vais faire? » « est-ce que je suis une « bonne » mère? », de calculs, de plannings, de coup de fil. Ou le moindre imprévu devient une montagne à gravir. Sans autre choix que de la gravir à tout prix. Demander encore. Tirer sur la corde encore. Faire face. Garder espoir. Sombrer. Rester. Être là pour rassurer, réconforter, jouer, aimer. Comme on peut.

A plein temps. Le film.

Ce course lancinante contre le temps, toujours sur le fil. Tic tac. Tombera ? Tombera pas ? Pas aujourd’hui. Trouver de la force quand on n’en a plus. Affronter le regard des autres, le sien, demander de l’aide. Souvent. Payer aussi. Parce que les gestes gratuits ne sont pas très abondants. Avoir honte. Rêver. Julie c’est presque moi. À peu de choses près. Pour l’instant. Cest celle aussi que je repousse de toutes mes forces et qui me fait peur. Si peur.

À plein temps, c’est haletant. Comme le rythme qu’on doit tenir. C’est dur. Très dur et magnifiquement rageant (et émouvant) de voir ce qu’on est obligée de faire dans une société malade de sa violence, du temps, de l’égoïsme et de la productivité. Cette idée qu’on est comme toutes les autres mères alors qu’on doit tout faire toute seule. Toujours. Toute. Seule. Et parfois on doit rendre des compte. Parfois on doit se battre pour une pension ridicule. Parfois on n’est pas crue. Parfois on doit se taire aussi.

Alors j’ai envie de crier pour les silencieuses. Pour elles. Pour moi. Pour nous tous. Mais d’abord je vais préparer des ateliers. D’écriture et de fleurs. Et d’autres choses aussi. Et vous verrez leur puissance et leur beauté. Et elles le verront aussi.

Prenez soin des mères de votre entourage. Prenez soin des mamans solo.