Maternité

Tristesse infinie

Je regarde l’année écoulée et je me sens d’une tristesse infinie.

Coup sur coup, deux dates anniversaires. Son anniversaire et peu après, la date anniversaire de notre mariage. Pfiou. Ça fait beaucoup. On aurait fêté nos 3 ans de mariage… On n’aura fêté que les 1 an… C’est bizarre de se dire ça.

Tristesse infinie et sentiment de gâchis incommensurable. Qu’est-ce que j’ai foutu avec un type capable de m’abandonner juste avant d’accoucher ? Comment c’est possible ? Comment c’est possible d’avoir toujours eu envie d’être papa et… de partir au moment où cela allait devenir vrai ? Comment c’est possible d’être “engagé” en public et si désengagé dans la “vraie vie” ? Je veux dire, quel est le plus grand engagement que celui avoir un enfant…

Flash-backs

Tristesse infinie parce que je me revois dans des sortes de flash-backs, lutter pour ma survie dans le quotidien d’une maman solo avec un bébé tout juste né sur les bras. Les douches que je n’ai pas prises, les repas que j’ai sautés, les nuits passées à pleurer. La course perpétuelle contre le temps. “Vite il dort, je peux prendre une douche. Mince il se réveille déjà. Je suis désolée mon bébé, j’arrive dans 5 minutes, le temps de me sécher et m’habiller.” Ou, “ça y est, il dort enfin, je vais pouvoir manger un peu. Il est 21h. Vite des pâtes, des boites, manger, débarrasser, la vaisselle, ranger, nettoyer le coin de change, pyjama, je l’entends ? Fausse alerte. Dodo. Prochaine tétée dans 1h s’il fait comme la veille” … etc etc. Les multiples réveils nocturnes, sans aide. Les douleurs du post-partum, la fatigue infinie. “Quand bébé dort, maman dort.” Alors oui, c’est l’idéal. Mais ça ne marche pas quand on est solo.

Crédit photo: Pachamaman — photo personnelle non libre de droit

Tristesse infinie parce que lorsque je me revois dans ces flash-backs, je me dis que ce n’est pas réel. Qu’on ne peut ni vivre ça, ni faire vivre ça. Et pourtant. Je me pince et je sais que c’est réel. Le chamboulement de la maternité est déjà si important. Il occasionne tellement de perte de repères. Abandonner à ce moment là, c’est trahir. C’est briser. C’est détruire. C’est aussi empêcher l’autre de pouvoir se reconstruire. On le sait, il faut en moyenne 2 ans pour un couple pour retrouver un équilibre après l’arrivée d’un enfant. 2 ans. Pour un couple. Pour une solo dès la naissance, c’est combien ? 3 ans ? 4ans ? Jamais ?

Sine die

Tristesse infinie car si je vois toutes les barrières à franchir, je vois aussi tout ce que je ne peux plus me permettre parce que mon organisation est millimétrée. Que le moindre grain de sable peut prendre des proportions improbables. Je vois tous les sacrifices que j’ai fait, que je fais, de ma vie de femme, de ma vie de maman et de ma vie d’entrepreneur. Des projets que j’avais qui sont reportés à je ne sais quand, des projets qui avaient du sens à 3 et beaucoup moins à 2, des projets qui nécessitent de l’argent que je n’ai plus. Du simple apéro coup de tête à la soirée improvisée ou au budget vacances qui n’est plus divisé par 2..

Gâchis incommensurable. D’avoir fait confiance. De m’être projetée. De m’être engagée. De m’être trompée. Ou plutôt d’avoir été trompée.

Tristesse infinie parce que quoi que certains disent, mon bébé n’a pas de papa. Et moi, je n’ai pas ce compagnon de route, celui avec qui tout a commencé. Celui qui aurait du être à nos côtés, mais qui a préféré tout laisser tomber.